Une histoire de cônes.
Depuis des moi, un regard d’égout attend
d’être réparé.
C’est à La Plaine, secteur excentré de
la grande ville fédérée de Terrebonne, sur la rue de l’Hortensia, qui est très
passante.
La voie qui permet de sortir de La Plaine
pour prendre la 337, qui porte le nom de Boulevard Laurier à cet endroit, fut
donc bouchée durant des semaines par un mini-chantier inactif, obligeant les
automobilistes à passer sur la double piste cyclable. Et ça dure, ça dure…
Quand la voirie municipale aura installé les tiges de métal qui protègent cette
piste cyclable en été, les Plainois ne pourront plus aller prendre la 337 sans
contourner par la gauche ce chantier.
Il y a un mois, en passant pour la énième
fois devant ces cônes “provisoires” mais bien installés à demeure, je me suis
arrêté pour prendre une photo. Une automobiliste m’a vu le faire. Nous avions
été patients, longtemps, mais je me suis dit que le simple fait de prendre une
photo – ou plutôt d’être vu le faisant – pourrait peut-être accélérer les
choses. Ça a déjà marché avec certains nids-de-poule particulièrement creux, l’autre été.
Ensuite, les plots encombrants ont été
légèrement déplacés.
Puis ils ont disparu.
Puis un petit cône est apparu, par
génération spontanée.
Puis deux gros. Puis un, puis deux, puis le
chantier a été définitivement décôné.
Si les autorités restent assises sur leurs
mains jusqu’à ce que des citoyens dénoncent, “chiâlent” et râlent, qu’elles ne
leur reprochent pas de le faire, puisque c’est, apparemment, la procédure
normale, voire la seule, pour que les choses se fassent. Les gens seraient
certainement tout aussi contents de ne pas avoir besoin de protester.
C’est pourquoi je me suis permis, lrs du
dernier conseil municipal, d’attirer l’attention du Maître sur ce tout petit
problème, sans doute indigne de lui – ce qu’il m’a confirmé : les réunions
publiques du conseil municipal ne sont pas destinées à traiter de telles
futilités.
Bon.
Je n’ai qu’à m’adresser aux services
compétents.
Bon. Sauf qu’ils ne sont pas pendus à leur
téléphone, les services.
Ensuite le Maire a insisté pour me demander
si j’étais satisfait de mes “baisses” de taxes (il s’agit de l’“harmonisation”
tardive des taxes municipales dans toute la ville de Terrebonne, colonies
comprises).
Je ne vois pas le rapport, que je lui ai
dit.
Mais êtes-vous content de vos “baisses” de
taxes ?
Ce n’est pas d’intérêt général, que je lui
ai répondu, citant la réponse souvent faite aux citoyens qui posent des
questions qui fâchent. Il a admis l’argument, puisque c’est le sien.
Mais l’état de la chaussée, à cet endroit
surtout, c’est d’intérêt général, d’autant, ai-je précisé, que forcer les
automobilistes à passer par la piste cyclable peu poser un problème de
sécurité, pour les cyclistes. La conseillère dont dépend ce très minuscule
petit chantier en a pris bonne note.
Plus de cône. Pas de réparation non plus,
apparemment. Dommage, parce que les automobilistes qui tiennent à leurs
amortisseurs continuent de faire un écart, et ça, c’est un problème. Indigne de
nos édiles, peut-être, mais pas de nous.
¶
Les services à la population ne sont pas un
luxe, parmi lesquels l’entretien normal et permanent des voies et des
adductions et des évacuations d’eau. C’est certes moins prestigieux que des
projets pharaoniques, mais plus nécessaire et plus urgent (et pas toujours
tellement plus onéreux). S’il est légitime de se soucier de l’image de la
ville, il est illogique de croire qu’elle ne pâtit pas de routes défoncées et
de chantiers oisifs et permanents. Les affaires courantes, les petites choses
aussi sont importantes. Les petites gens ne le sont pas moins.
Parfois je me demande si certaines personnes
n’ont pas des priorités un peu étranges, comme ceux qui se payent des voitures
de luxe ou des écrans plats avant de remplir le frigo.
1 commentaire:
Le cas fut réglé dans le mois qui suivit mon intervention au conseil de ville. J'ai simplement mentionné le fait que ce ballet de cônes durait depuis des mois, et que cela pouvait présenter un certain danger pour les cyclistes. On m'a répondu que le conseil municipal ne se penchait pas sur d'aussi petits sujets. Mais ce qui devait être fait fut fait.
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