mardi 17 novembre 2015

Vendredi 13 novembre

Vendredi 13 novembre

Par chance, je ne suis pas superstitieux. Dans la soirée de vendredi, j’ai appris les massacres de Paris. Autant dire que je n’ai pas dormi cette nuit-là, peu et mal depuis. J’ai la chance d’être à l’abri, loin, et qu’aucun de mes parents et amis ne fasse partie des victimes. Je me sens néanmoins très… concerné .
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Lors du quarantième anniversaire de la société d’histoire de la région de Terrebonne, j’ai apprécié que Claude Blouin, son président, dise un mot des attentats dans son discours d’ouverture. J’y ai croisé Jean-Marc Robitaille, qui m’a informé des mesures prises par la Ville pour manifester sa solidarité, ce dont je le remercie.
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Le terrorisme du prétendu “État islamique” (qui n’est ni l’un ni l’autre) est complexe, ses causes nombreuses et ses remèdes difficiles à trouver. Les politiques étrangères et commerciales de nos pays en font partie, l’échec de l’intégration des jeunes Maghrébins en Europe aussi, mais c’est surtout sur place qu’il faut en chercher l’origine, chez les régimes brutalement autoritaires, chez leurs voisins complaisants qui financent et arment – avec des armes que l’Europe et l’Amérique leurs ont vendues – les plus fanatiques au proche orient et en Afrique. Nous ne pouvons pas grand chose là-bas, mais nous pouvons demander à nos pays d’être moins avides, d’agir avec plus de discernement, et de préparer une moindre dépendance au pétrole.
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Mais ce qui m’inquiète le plus, dans l’immédiat, ce sont les réactions de crispation identitaire et l’érosion des droits civiques, en réaction à ces agressions qui ne feront que s’amplifier.
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En France, le Front National a le vent en poupe, les agressions contre les Français d’origine maghrébine reprennent, et le président parle de modifier la constitution dans un sens plus autoritaire.
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Au Québec, une pétition circule pour refuser d’accueillir les réfugiés syriens, qu’il est à la mode d’appeler “migrants”. Une contre-pétition a été lancée.
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Je n’ai aucune affinité particulière pour l’islam, mais l’honnêteté me force à dire que les musulmans d’ici, et les réfugiés qui demandent asile, n’ont rien à voir avec ces assassins qui se réclament d’une religion que, pour la plupart, ils ne connaissent pas.
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Ceux qui sont venus, et ceux qui souhaitent venir, cherchent une vie meilleure, calme, pacifique et décente loin de ces mêmes crétins fanatisés qui usurpent leur identité. C’est leur faire insulte que de les mettre tous dans le même sac.
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Alors, oui, certains agents dormants pourraient s’infiltrer dans le flot – assez modeste en ce qui concerne le Canada – des réfugiés. Ils n’ont pas attendu cette occasion pour venir, ou pour se convertir, pour mieux dire se pervertir sur place. Nous devons être vigilants. Mais nous ne devons pas devenir inhumains.
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Notre résistance à toutes ces horreurs doit être de conserver soigneusement, obstinément, notre identité. Restons fidèles à ce que nous sommes, à nos principes, parmi lesquels les droits de la personne, le respect de tous les citoyens, la tolérance éclairée, et nos modes de vie.
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Je continuerai de prendre une bière ou un verre de vin, même en présence de musulmans qui se l’interdisent. À l’occasion, je mangerai du porc.
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Mais j’ai la ferme intention de respecter qui me respecte.
En attendant, je devrai prendre encore un peu de temps pour digérer tout cela.
Thibaud de La Marnierre, “mécréant”, être humain.


jeudi 16 juillet 2015

mi-étape

À l’arrivée…

Eh bien, 16 juillet, nous devons envisager avec force larmes, gros motons, énormes regrets et deuil indescriptible, de nous séparer des deux cinquièmes de notre groupe. Tul et Talí doivent en effet retourner à leurs occupations, leurs enfants et leur routine. Ils nous manqueront beaucoup – et, je l’espère, nous à eux aussi, un peu. Leur humour, leurs sarcasmes, et leurs talents culinaires laisseront un grand vide dans nos esprits et nos estomacs. Mais, hélas, la conciliation travail – vie n’est pas encore au niveau d’une civilisation humainement acceptable.
Don Godón et nous poursuivons quelques temps notre périple, pour des raisons familiales inévitables… mais, un jour, forcément, nous reviendrons, et ferons entre amis un banquet digne des albums d’Astérix, encore que je ne sois pas certain de trouver du sanglier.
Nous avons visité, pieusement, deux monastères cisterciens, nous avons vu de beaux paysages, dégusté force bières bien fraîches servies par des jeunes filles toutes plus accortes les unes que les autres, et profité de l’hospitalité catalane qu’il ne faudrait pas critiquer en ma présence sans protection adéquate.
Nous ne saurions célébrer à sa juste valeur l’aide et la gentillesse des Guixa-Font, qui nous ont traités comme nous ne saurions le mériter, ni celle des La Marnierre qui nous ont reçus, guidés, aidés comme nous n’aurions pu l’espérer. Si le pays est magnifique, les gens qu’on y trouve ne sont rien moins qu’attachants.
Et puis, il faut l’avouer, on s’en est mis jusque là. De bonnes choses à manger (et saines), de bonnes choses à boire (peut-être un petit peu moins), et du beau temps pour s’en souvenir durant l’hiver canadien.
Le propriétaire, Moïse, s’est montré très accommodant. Nous lui avons cassé une assiette et quelques verres, mais il ne compte cela pour rien. Deux fois, il est venu s’assurer que tout allait bien et son associé est venu nettoyer la piscine, qui est impeccable. Nous passons notre dernière journée ensemble, puis nous irons, demain dès potron-minet, qui à l’aéroport de Barcelone, qui – mais un peu  plus tard – vers le nord-ouest, chez ma sœur, en passant par la Navarre.
Après, on verra.



vendredi 10 juillet 2015

Périple catalan

Périple catalan

Au départ…

Au début, c’était une idée un peu folle née lors de notre trop bre f passage en Catalogne, en 2011. Nous étions descendus voir mon frère, puis l’une de ses petites-filles nous a accompagnés pour une visite éclair de Barcelone, en fait surtout du Barri Gótic et de l’extérieur de la Sagrada Familia. L’impression qu’avait produite sur nous la Catalogne, Barcelone, les petites-nièces et leur mère fut telle que sitôt partis nous avions envie de revenir.
Entre-temps, l’actualité peu réjouissante, divers soucis et ennuis mirent ce projet sous  la  cendre. Nous en parlâmes à nos meilleurs amis, avec lesquels nous partagions assez de goûts, d’attitudes et d’idées pour envisager de voyager et de cohabiter.  Le projet catalan, comme je l’avais intitulé, prit le temps de mûrir et de grandir.
Un beau jour, nous nous retrouvions à PET avec Tul, Talí, don Godón, Marcèle et moi. Enfin casés dans les étroites boîtes volantes – malheureusement loin d’un hublot, mais ceux-ci sont si dépolis qu’ils ne dépareraient pas la fenêtre d’une salle de bain. Peu avant l’atterrissage, l’un des plus robustes que j’aie connus, je fis ce qui était peut-être un choc vagal, ou autre chose. Les formalités de débarquement furet aussi expéditives et sans souci que celles d’embarquement. Silvia nous attendait à la sortie de la zone internationale, toujours aussi dynamique et sautillante. Elle héla un très gros taxi qui put nous embarquer tous les cinq avec nos énormes valises. Silvia lui donna des instructions très précises, et le suivit, ou le précéda, avec son scooter. La circulation dans Barcelone est dense, rapide et sportive. Les acrobaties de la scouteuse nous firent craindre de ne pas la retrouver toute entière à l’arrivée. Finalement, elle nous mis tous dans son minuscule appartement, et une chambre louée chez des voisins. De là, nous arpentâmes la ville, guidés par Silvia ou Alexandra, mais précédés par Talí, la marcheuse de compétition, un peu surprise parfois de ne pas nous perdre ni nous tuer. Ce qui n’aurait pas manqué d’Arriver si nous avions respecté à la lettre le programme imaginé par Silvia ; on ne peut absolument pas voir en une semaine tout ce qui mérite d’être vu à Barcelone. Heureusement, nous faisions des pauses-bistrot deux fois par jour, que nous prenions en photo avec des téléphones et pouvions monter sur les fèces de bouc, à l’intention des nombreux fans de don Godón et de Talí, pour lesquels j’avais créé un groupe, à la suggestion de maître Martin. Malheureusement, un souci avec le lien internet m’empêche de monter sur ledit groupe les vraies photos, pas trop mauvaises, que j’ai faites avec mon appareil de ce que nous visitions. Je retenterai. Entre-temps, et grâce à un bidule génial trouvé par Tul à Barcelone, nous avions notre propre lien internet en promenade. Doublement pratique puisque nous pouvions savoir, selon que le signal de son routeur était visible ou non, à quelle distance se trouvait notre pilône ambulant.
Adoncques, nous visitâmes en tout sens, jusqu’à en être éblouis, avoir les talons aux  genoux, remplir un téra de photos et nous “effouërer” devant une bonne “broue”.
Avant notre arrivée, l’irremplaçable Silvia nous avait trouvé une villa un peu au sud de Tarragone, dans une région riche de vestiges, de beautés naturelles et de chaleur – plus supportable toutefois qu’en ville. Le genre d’endroit qu’on voudrait ne jamais quitter.
Le lendemain de notre arrivée, le commando Guixa débarquait : Silvia, sa mère et sa tante avaient décidé de nous faire une VRAIE paella… elles se chargèrent de tout, du choix des produits jusqu’à la présentation, et ce fut indiciblement succulent.
Silvia était un peu déçue de ce que, au retour de Montserrat (étape obligatoire si l’on ne voulait pas que don Godón retienne sa respiration, passe du rouge au bleu et autres couleurs improbables), mon frère et ma belle-sœur décident de nous faire un cremat catalan, ce dont elle aurait aimé avoir la primeur. Notre bref séjour chez Alain et Geneviève dfut des plus agréables, mais ce cremat en fut l’apogée mémorable.
Montserrat est sublime, plus par ce qu’on voit de là que par ce qu’on y voit dedans. Le musée, que je n’ai pas vu, est extraordinaire aux dires du professeur. Monter en voiture jusqu’au stationnement, heureusement bien plus grand qu’on ne nous l’avait dit, fut un exploit pour nos deux conducteurs québécois sur boîte manuelle dans les routes de montagne. Tul et Martin méritent une ovation et un diplôme de chauffeurs en situation extrême. Une moto, entre autres “irritants”, a bien failli rouler sur le capot de Tul, à plus de cent sur l’autoroute.
L’accueuil d’Alain et Geneviève fut à la hauteur de leur réputation d’hospitalité. Nous arrivions à cinq, tout de même. Nous avions prévu de revisiter la promenade de la conca, toute de pierre et sable blond entre les villas de luxe et la Méditerranée. Il  faisait assez chaud ce jour-là, mais nous y allâmes gaillardement, jusqu’à susciter la presque admiration de Talí-aux-mollets-d’acier.  
De là, encore tout éblouis de ce que nous avions vu en une semaine, nous prîmes la route vers le sud-ouest, contournâmes Tarragone (que nous avons visitée deux fois depuis) et fûmes accueillis, avec Silvia et Sofí qui étaient venues en train, par le très jeune et très aimable propriétaire de la villa.
À suivre…  



samedi 26 juillet 2014

PAS BLANC


QUI N’EST PAS BLANC EST NOIR

L’art de la nuance se perd. 

     Sans aller jusqu’à exiger que tout le monde sache rêver en couleurs, on pourrait espérer que les gens, en général, soient capable de concevoir les valeurs, c’est à dire les nuances de gris.
Cela semble de moins en moins fréquent. 

     J’ai toujours été surpris que la limite entre les humains “blancs” et “noirs” soit placée entre ceux qui sont 100% blancs et les autres. Ensuite, j’ai progressé, et je me suis demandé pourquoi il devait y avoir une limite ou une différence. 

     Ainsi, chaque fois qu’on évoque l’un des sujets qui fâchent, que ce soit la politique locale, la « charte des valeurs », les conflits – un, en particulier…- il semble de plus en plus difficile de trouver des interlocuteurs qui aient le sens des nuances. 

     La parole évangélique, ou bushienne, «Qui n’est pas [inconditionnellement] avec moi est contre moi», semble être la seule référence des gens qui s’expriment, à tort et DE travers. 

     Et ça me fâche. 

     Ça me désoblige, comme aurait dit tonton Georges.

     Que de sottises n’a-t-on pas lues et entendues lors de ce triste débat, complètement artificiel, au sujet des “accomodements raisonnables” (alors qu’il eût suffi de déterminer ce qui est déraisonnable), au sujet de la ‘laïcité”, qui a été pervertie pour en faire une pierre de touche à éliminer les “pas nous”, et maintenant au sujet de ce misérable conflit qui oppose l’État d’Israël et Gaza, ou plutôt quelques fanatiques dans les deux camps. 

     C’est tellement facile de se draper dans de nobles intentions et de prendre parti, quand on n’a pas à subir les conséquences de ses choix. 

     Le premier signe de cette infâme polarisation, c’est que ceux qui, de part et d’Autre ou nulle part, qui refusent de se laisser aller à cette solution de facilité qu’est le manichéisme se font copieusement honnir par les inconditionnels des deux bords. 

     Aux idées simplistes des petits soldats sans risques, opposons donc quelques idées simples. 

- Non, tout n’est pas forcément acceptable a priori. Un pays d’Accueil a le droit tout à fait légitime de tracer une ligne entre ce qui est permis et ne l’est pas. Immigré moi-même, je reconnais ce droit tant à  mon pays d’origine qu’à celui où je vis. Que l’on tempère ce droit en faisant référence à la déclaration universelle des droits de l’Homme, elle-même fortement inspirée par la première déclaration des droits de l’Homme, qui trouve sa source dans la philosophie des Lumières, soit. Il n’en reste pas moins que chaque État reste seul maître de ses propres lois, comme le démontre l’Arabie saoudite, qui ne prétend pas respecter la liberté de conscience ou de religion. C’est ainsi, que cela déplaise ou non. 

- Non, le traitement que subissent les arabophones musulmans en Palestine n’est pas acceptable, et il est souhaitable, pour tout le monde, que cela ait un terme. 

- Non, l’État d’Israël n’est pas illégitime, il a le droit d’exister, et ceux qui disent le contraire devraient réviser leur histoire et s’interroger sur leur bonne foi. 

     Malheureusement, chacun voit midi à sa porte, seulement. On ne fait pas droit à la vision d’autrui. La simplification des idées sévit à plein. Sacrifier les uns aux autres n’est jamais une bonne option, du moins si l’on adhère sincèrement aux principes qui, nés en France, ont été (en principe, justement…) adoptés par l’ensemble des pays de l’ONU. 

     Quand la sottise et l’égoïsme font loi, la loi est mauvaise. Et l’un des principes de cette fameuse déclaration, c’est que les peuples ont le droit de s’opposer aux lois injustes. On attend…
On attend des peuples d’occident qu’ils fassent la part des choses, et ne se rangent pas aveuglément derrière un camp, ou l’autre. 

     On attend des dirigeants de ces mêmes peuples, m ais aussi de tous les autres, qu’ils sachent refuser d’obéir à l’injustice. 

     On voudrait que les puissants ne prennent pas prétexte de la “démocratie” pour inposer un ordre mondial qui ne profite qu’au système financier international, et un peu à ceux qui en sont les collabos.
On voudrait que les dirigeants des pays dits émergeants, comme ceux des pays en voie de tiersmondialisation ou de sous-développement, se soucient plus du bien-être de leurs populations, et un peu moins de leur propre situations privilégiées. 

     On voudrait bien des choses en somme, mais le fait est qu’on ne va pas du tout dans ce sens-là.
Dans tous les pays, les intellectuels, les journalistes, les “humainitaires” sont l’objet de l’attention malveillante et soutenue de ceux qui décident du sort des gens et des choses. 

Certes, un peuple ignorant est plus docile, plus gouvernable, et je ne sous-estimerais pas la difficulté qu’il y a à gouverner, à quelque échelle qu’on se situe.

     Mais que dire de la qualité de ceux qui ont obtenu, par des moyens qu’il vaut mieux ne pas détailler, l’apparente légitimité qui leur permettrait de décider du sort de tous sans jamais avoir à rendre compte de rien ? Que dire du troupeau qui, fasciné par les divertissements futiles, les laissent faire en toute sérénité ? Les fautes, car elles sont nombreuses, sont assez partagées. 

     L’opinion publique, ou ce qu’il en reste, n’est pas monolithique. Ni en France, ni en Israël, ni  au Canada, ni dans les pays musulmans, pas même aux États Unis. Il y a des têtes qui dépassent, et c’est pourquoi on les coupe ou on les rabaisse. 

     J’ai coutume de dire que l’opinion publique se comporte comme un banc de harengs. Ce qu’on appelle en anglais, sans doute par antiphrase, “a school”. Tous tournent, vite et ensemble, dans une direction qu’ils n’ont pas choisie. C’est assez désespérant pour la suite des choses. 

     Le quotient intellectuel d’une foule serait, dit-on, le plus grand commun dénominateur de tous. Je n’y crois pas, à moins que l’on admette que l’ensemble raisonne seulement comme les débiles les plus profonds qu’on puisse trouver, auxquels on ne songerait pas à confier le sort de l’espèce.

     Heureusement j’ai dans mes relations quelques chiens qui ne font pas honte à leur espèce, et même quelques rares humains aussi.






mercredi 16 octobre 2013

Les intègres


Les intègres

Après les révélations de l’émission Enquête, de l’UPAC et de la commission Charbonneau (enquêtes dont on aurait souhaité qu’elles aient des conséquences et qu’elle ne soient pas suspendues), l’intégrité est devenue le thème à la mode. Tous les candidats se prétendent candidement plus purs que les purs, plus blancs que blancs (ce qui est d’ailleurs l’étymologie de « candidat ».  
     Pour ceux qui n’ont pas de passé, c’est plus facile. Parce que, ne nous voilons pas la face, les professionnels de la politique sont tous plus ou moins à la merci de découvertes gênantes. Sans aller jusqu’à dire, comme bien des électeurs, qu’ils sont tous pareils et qu’il n’y en a pas un pour sauver l’autre, il faut bien reconnaître que l’on ne dure en politique qu’à condition de “jouer le jeu”, selon les règles que l’on trouve en arrivant. 
     Bien entendu, on peut contourner ce problème en élisant de nouvelles personnes. Mais tôt ou tard elles seront rattrapées par les nécessités du jeu politique. 
     À cela, il existe deux remèdes. Le premier, évident, c’est de ne cesser de renouveler le personnel politique, constamment donc de limiter les élus – quand c’est possible – à deux mandats. Nos maires pourraient sans déchoir se soumettre à la même règle que le président des États Unis. 
     Le second, tout aussi évident, c’est que personne ne puisse rien faire, jamais, à l’insu de ses compagnons, ni sans leur accord. Bref, de casser une bonne fois le modèle pyramidal du Patron qui n’a de comptes à rendre, et très théoriquement, qu’à ses électeurs une fois tous les quatre ans. 
     Sans pousser jusqu’à l’anarchisme, il faut aller au moins jusqu’à la collégialité, ce qui est le minimum en-dessous duquel on ne peut espérer aucune amélioration, aucun assainissement. 
     Après tout, nous avons bien des assemblées délibératives, les premiers ministres ne peuvent pas tout faire à leur fantaisie sans l’accord de leurs députés. Enfin, de NOS députés. En principe. 
     Bien choisir ses candidats, autant que faire se peut – car, hélas, les gens de bien ne se bousculent pas pour entrer en politique – c’est la moindre des choses, mais cela ne suffit pas. Une surveillance mutuelle, continue et implacable est la seule façon de se prémunir contre des dérives d’autant plus probables qu’elles se font lentement, progressivement, souvent à l’insu même du principal concerné, et je veux dire pour de vrai, pas à la façon étrange de certains maires de Montréal. 
     C’est pour cela que nous avons tenu à ce que Renouveau Terrebonne mette dans ses principes que le maire ne puisse faire plus de deux mandats, que les conseillers puissent être remplacés dans la mesure des candidatures, et que la transparence soit aussi limpide que possible, afin que tous puissent surveiller chacun, et que les citoyens soient plus que des électeurs, mais plutôt des surveillants permanents, des participants. 
     Oh, c’est plus facile à dire qu’à faire. Le problème n’est pas tant le choix des candidats : nous leur avons mis les points sur les i, les barres sur les t, et ils ne sont là que parce qu’ils acceptent ces principes. Mieux, ils y adhèrent. Encore mieux : ils les intègrent. Ils sont, comme le reste d’entre nous qui sommes là depuis la fondation, ou presque, indignés, exaspérés par les pratiques habituelles dans le monde municipal, que tout le monde trouve normales, sauf ceux qui n’en bénéficient pas – ce qui fait beaucoup de monde, en fin de compte. 
     
     Alors, l’intégrité, comment on l’obtient ? 
     Par la transparence. Tout le temps. Par la participation, en permanence. Et pas autrement.
Bref, une politique saine repose, avant tout, sur les citoyens qui subiront les effets de cette politique. 
Et ça, c’est nous tous. _