Le ravissement
Parmi les santons de Provence, l’un des plus
amusants est le « Ravi ». C’est celui qui est hors de lui, possédé, “aliéné”.
Il a les deux bras en l’air.
C’est exactement ce que j’ai senti quand je
suis allé écouter le concert inaugural de “Sonate 1704”, ce dimanche dans la
chapelle du collège Saint-Sacrement. Nous étions 90. Olivier B. Brault, Dorothéa
Ventura et Mélisande Corriveau nous ont ravis à nous-mêmes, au beige quotidien, au
trivial. Grâce à ces trois-là, nous avons pu nous élever à des hauteurs
rarement atteintes.
Ce n’est pas
faire injure à Terrebonne que de reconnaître qu’on ne s’y attend pas nécessairement
à y trouver ce qui enchante les meilleures salles d’Europe. Grâce au talent de
ce trio et à l’immense érudition d’Olivier, qui sait merveilleusement nous
partager sa passion, nous avons pu entrer de plain pied dans les arcanes les
plus rares de la musique baroque finissante, ou classique débutante, car j’ai
encore de la difficulté à tracer une frontière. Nous avons ici désormais une
petite mais immense formation, qui nous menace heureusement de récidives. Je
passerai, quant à moi, l’hiver en attendant leur prochain passage, toujours
dans la chapelle du collège Saint-Sacrement, le 7 avril 2013. Nous avons pris
nos billets.
Non, on ne vit
pas que de pain. On a besoin de beauté, et cette injection concentrée est venue
combler une longue carence. Certes, il y a la musique enregistrée, mais… ce
n’est pas pareil.
Ce récital éthéré
a ensoleillé ma journée, fait oublier une actualité plutôt déprimante, et
redonné espoir dans la vie culturelle locale, espoir bien tiédi par le départ
de la librairie Lincourt.
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Dix commerces,
quatre donateurs, La Revue, le
collège Saint-Sacrement et la Ville ont soutenu la création de “Sonate 1704”. Nous les en
remercions. Je lui souhaite de persévérer avec autant d’obstination que la
basse continue la plus harmonieuse.
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