OÙ ?
« OÙ S’EN VA LE MONDE ? » n’est pas une question
réservée aux vieux grincheux incapables d’accepter l’évolution. Les
observateurs attentifs peuvent aussi, légitimement, se demander si nous allons,
collectivement, dans une bonne direction. On parle ici bien sûr des mœurs, des
pratiques, des usages, mais aussi de la politique et surtout de la façon d’en
faire.
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Par exemple, la France, après bien d’autres pays, a inscrit dans ses
textes de loi le mariage homosexuel. Bon… on argue de l’universalité de l’amour
et du droit des gens à disposer d’eux-mêmes. Soit. Et, après tout, en quoi cela
gêne-t-il les hétérosexuels que les homosexuels veuillent officialiser leur
union de fait ?
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Cela dit, cette évolution du droit me semble préoccupante, non parce
qu’elle institutionnaliserait ce qu’une partie minoritaire mais bruyante taxe
de perversion, mai parce qu’elle semble révéler une certaine inculture. Ainsi,
en droit latin, le mariage est avant tout une institution, à laquelle adhèrent
les mariés. Elle ne dépend aucunement des parties en présence quant à sa nature. Les mariés peuvent passer
contrant devant notaire pour définir plus précisément les rapports entre leurs
patrimoines respectifs, et célébrer une cérémonie religieuse pour sacrifier à
la tradition. Mais le mariage, en soi, est la reconnaissance par l’État de la
constitution d’une famille nucléaire dont le but principal est la procréation,
et les effets la protection de la famille (des époux, mais surtout des enfants)
en tant que constituante de la société.
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L’évolution des mœurs a rendu la famille superfétatoire. Les
démariages se multiplient, les remariages aussi, ce qui a eu comme résultat que
l’on considère le mariage comme la simple manifestation des choix individuels,
voire même de caprices. En tant que tel, on ne voit pas trop pourquoi, en
effet, on interdirait aux hommes d’épouser des hommes, aux femmes d’épouser des
femmes, surtout si on ne se sent pas concerné.
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On peut, à la rigueur, se demander s’il est permis de tracer une
limite quelque part. On a évoqué la polygamie, l’abaissement de l’âge du
mariage, voire même la bestialité. Ces propos, qui nous semblent actuellement
outrés, absurdes, le resteront-ils toujours ? Puis-je prendre mon chien
comme second époux ? Si je promets de ne pas lui faire subir les derniers
outrages.
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Mais, plus urgent que d’ultérieures dérives, se pose le problème des
conséquences de cette quasi abolition de la famille au profit de l’individu,
consommateur isolé aux collages éphémères et capricieux. Car il n’est pas
nécessaire d’être traditionnaliste ou conservateur pour constater que la
structure sociale s’est construite d’abord sur la première des solidarités,
celle du couple, puis de la famille, de la parentèle, de la tribu, ensuite
seulement de la nation, puis de l’État, voire de l’espèce et de la planète, qui
sait… La dissolution de la première des
solidarités accompagne, suit ou précède celle de toutes les autres, jusqu’aux “libertariens”
dont la liberté ne rime à rien, car aucune liberté n’existe sans les moyens de
l’exercer, moyens qui sont refusés quand un minimum de sécurité et de
solidarité n’est pas assuré pour tous.
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Honnêtement, que deux homos veuillent cohabiter, cela n’a rien pour me
déranger. Qu’ils (ou elles) se « pacsent », c’est une affaire qui ne
concerne que leurs patrimoines et les rapports qu’ils veulent entretenir à ce
sujet. Qu’ils se “marient”, pareillement : je ne suis pas concerné. Je
suis scrupuleusement respectueux de la liberté individuelle de tout un chacun,
quel que soit son origine, son ethnie, son sexe ou l’usage qu’il veut en faire.
Ça ne m’intéresse d’ailleurs pas beaucoup.
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Je me demande seulement ce que l’adultération de cette brique de
l’édifice institutionnel peut avoir comme conséquences sur l’ensemble. La
notion de parent, par exemple. La notion même de famille. Celle de solidarité.
Cette modification va bien au-delà de ses effets évidents et immédiats. Et, en
partie, pas dans le bon sens (au mien du moins), c’est à dire encore plus loin,
trop loin, dans celui de l’atomisation sociale, dans l’individualisme excessif
du consommateur administré isolé face aux entreprises à but lucratif et aux
administrations qui le contrôlent toujours davantage.
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Car, j’y reviens, le mariage, dans le droit occidental, est une
institution de droit public et non seulement un contrat de droit privé — car,
pour ce qui est du droit privé, tout est licite pourvu que cela ne nuise pas à
autrui. Nous assistons là à une étape de la déconstruction du Droit, par
ignorance ou par inconséquence, dans l’ignorance que sont les gens que l’anomie,
l’absence de lois, ne profite jamais qu’aux plus forts, aux dépens de tous les
autres.
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Les manifestations folkloriques de toutes ces bonnes gens BCBG, l’étrangeté
de ces manifestantes en tailleur Chanel et collier de perles, de ces jeunes
tondus cravatés face aux CRS feront date dans l’absurdisation de notre
civilisation. Les gâtés du système s’opposent au système pour des raisons
morales qui ne concernent qu’eux. Manifester pour refuser l’octroi d’un droit à
une minorité, dans la mesure où l’exercice de ce droit ne comporte aucune
contrainte envers la majorité, n’est pas d’une légitimité aveuglante. Mon
objection est toute autre.
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Ce qui m’inquiète, un peu, c’est ce pas de plus dans l’abolition du
Droit qui reste le seul rempart à l’avidité des kleptocrates. Nous n’aurons bientôt plus, si
ce n’est déjà fait, que des administrateurs de plus en plus tatillons, des règlements
qu’il sera impossible de contester, et des fonctionnaires qui n’obéiront, par
“élus” interposés, qu’aux groupes de pression desdits kleptocrates.
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Donc, sans m’en désoler, je ne me réjouis pas vraiment de cette
récente évolution des institutions françaises. _ •
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