mardi 15 septembre 2009

Le soleil et le chat

Tournesols dissidents

Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais cet été il a plu au Québec. Tellement, que le petit bout de sahel qui nous tient lieu de jardin en a verdi. L'herbe n'était ni jaune ni bleue, mais verte, surtout que j'ai semé du trèfle - l'une des rares plantes qui consent à pousser ici, avec les pissenlits et l'herbe à poux.

Eh bien cette année, tout un tas de choses plus ou moins identifiables sont sorties du sol. Le trèfle, bien sûr, les pissenlits auxquels je fais une guerre obstinée pour qu'ils ne prennent pas toute la place, de la menthe qui a parfumé notre thé, des framboisiers qui ne produisent que des épines, et des tournesols que nos volatiles visiteurs sont allés semer un peu partout au lieu de les manger comme prévu, les idiots.

Les trèfles sont presque tous à trois feuilles, mais il y a assez de mutants pour faire le bonheur d'une amie qui se jette à quatre pattes dès qu'elle en trouve un (elle le regrette parfois). Ils résistent aux vers blancs, qu'une mouffette vient dévorer, laissant un peu partout des trous qui nous font marcher dans les crottes de chats quand on veut les éviter.

Mais les soleils, alias tournesols, alias héliotropes, au lieu de faire ce que leur nom prétend, tournent délibérément le dos au soleil. Ils ont décidé, je ne sais pourquoi, d'opter pour une orientation contraire à leur nature et préfèrent regarder à l'est l'après-midi.

Bon, soit, ce n'est pas bien grave, ils poussent dans tous les sens et à toutes les hauteurs - il y en a de petit gros, de grands maigres, des géants et des nains, des avec des feuilles dans les fleurs, des avec des fleurs dans les feuilles, des oranges et des jaunes, des gros joufflus et des petits aux rares pétales. Bref, ils sont presque aussi variés que des humains. Mais cette variété même, et cette désorientation me font penser que, peut-être, il y a un cause à cette anarchie morphologique et comportementale.

Quel est donc le mutagène ?

À moins de postuler une improbable influence de mon caractère sur la flore, et en l'absence d'une centrale nucléaire dans le voisinage, faut-il en chercher la cause du côté d'un dérèglement de la biosphère ?

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Toute bonne recherche des causes commence par un examen des corrélations. Or, le seul élément nouveau contemporain de cette étrangeté héliotropique, c'est le pullulement des chats errants qui viennent se soulager (et se livrer à d'autres activités obscènes) dans notre misérable carré de sable.

Je ne sais trop ce que leurs esclaves humains leur donnent à manger, mais cela doit être assez exotique. Peut-être l'industrie agro-alimentaire met-elle dans les nourritures des maîtres félins quelques substances destinées à les faire muter, pour qu'ils puissent enfin se dispenser de ces serviteurs humains qui sont aussi encombrants qu'utiles. Peut-être nous prépare-t-on une espèce féline évoluée destinée à nous supplanter. Je ne vois pas bien encore qui pourrait être à l'origine de cette conspiration, si ce n'est un chat, mais le modus operandi m'échappe encore.

Bref, la recherche d'un coupable nous amène nécessairement, et sans surprise, après avoir écarté les pas-chats, à cet être démoniaque.

The cat did it.

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