mardi 29 décembre 2009

Crépuscule de fin d'année

Je n’écoute plus guère la radio, ces derniers temps. Elle ne semble faite que pour des féministes plus ou moins misandres, ou pour des mâles velus échappés du paléolithique.
Les féministes modérées sont comme les musulmans modérés : il y en a, mais leur discrétion les rend éminemment oubliables. Chaque année on commémore l’acte d’un fou pour en faire l’emblème des rapports entre les sexes, culpabiliser définitivement toute l’engeance masculine et en exiger qu’elle batte sa coulpe.
Condamner la violence, y compris mais pas seulement la violence des hommes contre les femmes, cela va de soi pour tout être civilisé. La violence prend d’autre formes aussi, le mépris des féminocrates à l’égard des hommes n’est pas moins condamnable que l’autre sexisme, le seul dont on ait le droit de parler de nos jours.
Ce qui est révoltant dans l’image que l’on propage – car il ne faut pas s’y tromper, il s’agit bel et bien de propagande – c’est qu’outre la fausseté et la mauvaise foi, on y voit purulente la plaie de notre époque, c’est à dire le saucissonnage de la société, l’oubli de l’isonomie, la généralisation des privilèges.
J’ai été élevé dans une civilisation qui prônait l’égalité de tous devant la loi, et la prééminence de ladite loi sur les intérêts particuliers, fussent-ils individuels ou de groupe. Ce principe, que je trouvais bon, a cédé la place à une pratique fondée sur les groupes de pression. On fait droit aux revendications les plus particularistes pour ne pas déplaire à un segment du marché, seul important. L’indignation organisée est une arme de destruction massive de l’intelligence et de la liberté de penser et de s’exprimer, le terrorisme intellectuel contemporain est plus efficace que l’absolutisme chrétien d’ancien régime.
Ça fait peur.
À cette antitesticulite endémique et néanmoins virulente s’ajoute, sans aucun souci de cohérence, une islamolâtrie qui est pourtant clairement incompatible avec les acquis de notre pauvre civilisation si décriée, qui nous a pourtant donné, malgré tous ses défauts, le droit de vivre en relative sécurité, de penser et de dire ce qu’on veut sans en subir trop de désagréments, mais surtout le droit au respect pour tout individu, quel que soit son sexe ou son ethnie, conformément à la déclaration universelle des droits de l’Homme, elle-même inspirée de la déclaration française des droits de l’homme et du citoyen, à la quelle on reproche anachroniquement de n’avoir pas été féministe au XVIIIe siècle.
Mais tout cela ne serait que futile, s’il n’était désormais acquis que quiconque déplaît à un groupe de pression suffisamment hurleur doit être réduit au silence, virtuellement cloué au pilori et honni par quiconque prétend conserver une réputation immaculée.
La liberté d’expression en a pris un méchant coup.
Ainsi, ne pas trouver normal que n’importe quel Africain puisse s’installer en Europe en bafouant toutes les lois des pays d’accueil et soit ensuite à même d’EXIGER la régularisation des sans-papiers, c’est, nécessairement, être lepéniste, nazi, fasciste ou autre chose de brun et malodorant.
La solidarité nationale et internationale est une chose. Le mépris ostensible des lois est une autre chose. Si une loi est mauvaise, on la change puis on l’assume. Mais enfreindre systématiquement les lois en vigueur, c’est à terme détruire toute l’organisation sociale, celle-là même qui attire les immigrants illégaux et permet aux groupes de pression d’imposer chacun sa loi.
Bien sûr, pour cela il faudrait que les citoyens prennent leurs responsabilités de citoyens, s’informent et votent, mais ils préfèrent EXIGER que l’ensemble de la société se plie à LEURS idées, en manifestant après s’être abstenus, en militant sans souci de démocratie. C’est la version groupusculaire de l’égoïsme fanatique qui règne depuis vingt ans.
C’est bien, les manifs, quand il y a lieu. Mais quand la loi de la rue et l’intimidation se substituent au débat démocratique, quand une catégorie de gens utilise des procédés illégitimes pour imposer leurs vues sans considération pour les intérêts et les opinions de tous les autres, c’est la fin.
Ce n’est pas le début de la fin : on est en plein dedans. Les idéaux et les principes sur lesquels sont fondés les pays qui ont le plus fait progresser l’humanisme et le respect d’autrui, même si je ne sous-estime aucunement les erreurs et les défauts de l’Europe et des Amériques, auraient mérité d’être défendus. Je crains qu’il ne soit désormais trop tard.
Les débats inutiles et futiles sur les accomodements déraisonnables au Québec, sur l’identité nationale en France, sur le hidjab, sur le tchador ou la burqa, sur l’application de la charia en Ontario, sur la « régularisation » automatique des « sans-papiers », sur ce que nous ne sommes plus mais surtout pas sur ce que nous ne voulons pas devenir, et le désintérêt excessif pour la politique de citoyens désormais trop peu naïfs pour croire les promesses de politiciens sans pouvoir et parfois sans éthique… le relativisme intégral qui met sur le même pied la culture la plus raffinée et les goûts les plus élémentaires, l’Anti-intelelctualisme… tous ces signes sont annonciateurs de notre apocalypse. L’intransigeance des idéologues de la misandrie n’est que le dernier clou.
Notre civilisation a vécu, elle aurait mérité de léguer quelques acquis à l’histoire, mais elle a été privée de toute sa masculinité, au point de s’acheminer à cloche-pied vers l’oubli de soi-même. Je la regretterai, mais pas ce qu’elle est devenue.
En cette fin d’année 2010 je vois poindre le crépuscule de ce que nous fîmes. Avec toutes ses imperfections, c’est encore la civilisation qui me convenait le moins mal.
Requiescat in pace.

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