mardi 16 avril 2013

Cui Prodest


Cui prodest ?

L’enquête policière, en droit romain, se résume en quelques questions :
Quis; Qui [l’a fait] ?
Quibus auxiliis; Avec quelle aide ?
Cur; Pourquoi?
Quomodo; Comment ?
Quando; Quand ?
Cui prodest ; À qui [cela] profite-t-il ?

Dans le cas d’un attentat, les premières questions que l’on se pose sont qui, et pourquoi. Savoir à qui cela profite aide à répondre à ces deux questions.
     On ne prête qu’aux riches. On soupçonne donc tout d’abord ceux qui sont connus pour avoir perpétré des actes semblables. Dans le cas des deux bombes de Boston, lors du marathon de lundi 15 avril 2013, les premiers suspects sont les islamistes et les libertariens.
     C’est normal.  Mais sont-ce les seules pistes possibles ?
     Qui d’autre pouvait avoir des raisons de provoquer ce massacre ?
     Quelles en sont les conséquences ?
     
     Le premier effet d’un acte terroriste, c’est d’instiller la terreur dans le groupe visé. Ici, le groupe est l’ensemble de la population étatsunienne – il est dont inexact de parler de victimes collatérales. Un tel état d’esprit bénéficie aux industries de sécurité, à l’armement, aux lobbies qui s’opposent à la réglementation des armes, par exemple.
     Mais la paranoïa profite également à tous ceux qui veulent affermir l’autorité de L’État (et de ceux qui le manipulent) sur la population, en d’autres termes, “encadrer”, voie effacer la démocratie. Or, c’est une évolution que l’on constate un peu partout en occident et ailleurs, où les régimes dérivent lentement mais sûrement vers un autoritarisme précurseur du totalitarisme.
Pourquoi donc voudrait-on revenir sur les acquis des derniers siècles, le respect des peuples et des individus, la sécurité des personnes, un certain niveau de solidarité, et même, dans une certaine mesure, quelques éléments de démocratie, même s’ils sont plus souvent cosmétiques que véritables ?
Le souverain bien de notre époque est le profit. C’en est même la seule valeur à en juger par les actes, et non les discours. L’enrichissement spéculatif est honorable, la financiarisation de l’économie stérilise des régions entières, et l’accroissement des inégalités fait dépérir le marché de masse pour ne conserver que les industries de luxe, à plus forte valeur ajoutée. Le choix économique du XXe siècle, enrichir les classes moyennes et sortir de la misère les plus modestes pour constituer un marché intérieur, est désormais révolu. Le fardeau fiscal pèse davantage sur les revenus modestes, les tarifs des services que l’on dit encore publics s’envolent, le dogme de l’utilisateur payeur s’impose partout. Bref, la civilisation occidentale a fait un tête-à-queue, un 180°.
     Personne ne se réjouit de voir ses conditions de vie (économiques, sanitaires, environnementales) empirer. Des révoltes populaires seront vraisemblablement de plus en plus fréquentes, comme les jacqueries des derniers siècles de l’Ancien régime. Le sachant, et ayant, eux, une certaine culture historique, les maîtres du monde veulent rendre impossible toute révolution et se préparent à mater les émeutes et même les simples manifestations de désaccord. Il est désormais dangereux d’oser manifester, les forces armées ont reçu la permission de blesser gravement les manifestants, en toute impunité.
     Je n’irais pas jusqu’à affirmer que les profiteurs du monde sont les instigateurs de cet attentat, ni d’autres. Mais il semble qu’ils puissent en tirer parti. 

2 commentaires:

Thibaud a dit…

Vidéo en anglo-étatsunien sous-titré en français. Un militaire explique les causes de son inquiétude.

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=biuXEQHDCYE

Jeanmi a dit…

Attention ! En période de crise renaît inexorablement la "théorie du complot". Cette pratique est vielle comme l'Humanité elle même. Elle permet de désigner un responsable aux maux qui accablent une société en difficulté. Hier les juifs, aujourd'hui les islamistes, demain qui ?