jeudi 11 novembre 2010

Appropriation

Appropriation inappropriée de l’espace public

Je n’en ai pas parlé sur le coup parce que ce n’était pas la première fois, et que je m’attendais à une réaction bovine, du genre « Pis ? ».

Mais ces derniers temps, grâce à l’excellent travail de journalistes consciencieux (la conscience, c’est plus rare qu’on ne voudrait le croire), la population semble plus réceptive, plus intéressée, moins jem’enfoutiste.

Donc, cet été, et l’été précédent, j’ai observé qu’une « fête de rue » privée se tenait dans une rue à La Plaine.

La Plaine, c’est une ex-ville qui a été absorbée par Terrebonne sans qu’on ait jamais demandé l’avis de personne. Enfin, de personne qui ait de l’importance.

Donc, la rue des Halbrans a été fermée par des barrières métalliques obligeamment prêtées par la ville de Terrebonne. Si l’on voulait passer, il fallait payer des dollars. Je ne sais plus trop combien, six ou huit ou douze, ce n’est pas ce qui est important.

Aucun écriteau, aucune mention, aucun avis. L’année précédente, il y avait un panneau « fête privée », si je ne me trompe pas. Là, rien. Pourtant, cette fête n’était très manifestement pas destinée au commun des mortels. Une organisatrice, interpellée, a répondu que tout le quartier avait été invité, et que des tracts avaient été distribués.

Je suis allé demander à tout le quartier. Personne n’avait rien reçu.

D’ailleurs, personne du voisinage ne semble y être allé, ni enfant ni adulte.

À l’occasion de cette fête (privée) de quartier, des accessoires de jeux gonflables ont été ancrés dans l’asphalte de la rue, interdisant le passage aux riverains et dégradant la rue, qui sera réparée aux frais de… vous. Au moins, cela donnera du travail à un contracteur.

Les moteurs des souffleries se sont fait entendre toute l’après-midi, ce qui n’est pas si grave, seulement légèrement agaçant.

Qui a quoi ?

Mais cet épisode, répété, m’incite à me poser une question : à qui appartient la voie publique ?

Est-il normal que la mairie en dispose comme s’il s’agissait d’un bien privé, en la réservant à ses amis ?

Est-il normal que les agrès qui servent aux fêtes publiques soient utilisés pour cette occasion ?

Est-il normal que les prestataires de services habituels de la mairie soient mobilisés pour les fêtes privées sur la voie publique ?

Et qui a réglé les factures ?

Puisque les voisins immédiats n’étaient pas conviés, et que le prix d’entrée ne donnait manifestement pas droit à un accueil de bon voisinage, les voisins sont tous restés chez eux et ont fermé leurs fenêtres, bien conscients de n’être pas chez eux s’ils sortaient de leur maison. D’autres sont venus de plus loin, en voiture, et toutes les rues alentour ont servi de stationnement pour les invités de cette fête publique-privée.

La gêne, quoique véritable, n’a pas été insupportable, et il n’y avait pas de quoi se donner la peine d’indisposer un maire que les questions du public insupportaient déjà à cette époque.

Cela dit, la question demeure, elle est intrigante : quelle est exactement la nature de ces partenariats public-privé à l’échelle municipale, et de telles pratiques sont-elles à même de mettre la population de Terrebonne humeur ? ¶

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